03. Alimentaire, mon cher Watson
"Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger" écrivait Molière. Beckett, quelques siècles plus tard écrivait, de manière plus crue dans : "manger et éliminer : voilà ce qu'il faut pour tenir". L'alimentation occupe une place capitale dans notre vie. Une place angoissante même.
Voilà quelques pensées qui me sont venues à l'esprit après avoir lu un résumé du prochain livre d'Amélie Nothomb. Sur un soldat irakien, qui n'a plus rien à faire, alors se met à se goinfrer, et devient obèse. L'histoire lui est venue d'une lettre qu'elle a reçu, après elle en a fait un personnage nothombien : dans une espèce de folie drôle et effrayante, il voue un culte à sa graisse auquel il donne des petits noms affectifs. Ce n'est pas trop ce côté excessif qui m'interesse mais le fait que l'on puisse tromper son ennui à travers de la nourriture. C'est tellement vrai. Pourquoi le fait de manger nous rassure t-il à ce point ? On en obtient une certaine satisfaction.
Aussi étrange que cela puisse paraître, on obtient le même genre de satisfaction en... ne mangeant plus. C'est ce que dit merveilleusement Kafka dans son roman Un champion de jeûne. Le héros se prive de nourriture, et en tire une fierté incroyable. C'est un défi qu'il se fixe, il a l'impression de devenir un être supérieur, qui n'a pas besoin de cela pour vivre.
C'est parce qu'il se remplit de vide. Le vide est une substance, complète mais surtout dangeureuse.
Maintenant, il subsiste une question : "Quand pourrons-nous manger normalement, sans avoir à nous poser des questions?"
Dans nos sociétés occidentales, je pense que cela est impossible. En attendant, le 19 Aôut, j'achèterai le livre d'Amélie Nothomb.